Ces parents que le foot rend fous

Ces parents que le foot rend fous

Publié le 13 avril 2021 à 14 h 14 Mis à jour le 13 avril 2021 à 18 h 34

Ne vous laissez pas séduire par les traits juvéniles de son visage … Avec sa carrure colossale et ses 1,90 m, Wesley Fofana quitte entrL. B. avoir des qualités physiques exceptionnelles, spécialement adaptées à la position du défenseur central. Du haut de ses 20 ans, le joueur ressemble à un espoir. Mieux encore: une pépite qui regarde l’ensemble du football depuis l’Europe et qui attend sa révélation au plus haut niveau …

Tout s’est accéléré en octobre dernier, lorsque l’homme après quelques semaines de négociations a quitté le surnom de «de Rock» de l’AS Saint-Etienne pour le club anglais de Leicester, champion d’Angleterre en 2015-2016. C’est par la porte d’entrée que Fofana ouvre celle de la Premier League. Bientôt le transfert – environ 35 millions d’euros – a fait les gros titres: le jeune stoppeur n’a posté que 30 joueurs professionnels. Chez les supporters stéphanois, la déception est immense. Forums et réseaux sociaux s’interrogent: pourquoi partir si vite, si tôt, alors que l’auto-stoppeur pourrait se permettre une année supplémentaire pour grandir, et incuber le cocon protecteur de «son club de cœur»?

Le jeune joueur s’explique sans parler dans « The Team »: « Cette fois je ne peux pas refuser. D’où je viens, les quartiers nord de Marseille et une pas bonne famille, ce n’est pas possible. Je serais fou de dire non à Leicester. « Ce contrat peut changer ma vie. Je dois protéger ma famille en la protégeant. Les aspects sportifs et financiers qui sont combinés, je dois dire oui. »

Wesley FofanaPAPON BERNARD / Pressesports

Wesley FofanaPAPON BERNARD / Pressesports

Les mots sonnent forts et racontent comment le football est devenu un mode de vie, également une perspective de survie attachée à l’ensemble des clans lorsqu’ils ont des pépites avec un grand potentiel en eux. Pour un nombre croissant de jeunes joueurs issus de 36 centres de formation professionnelle en France, la pression parentale augmente alors que les recruteurs et autres agents se tournent vers le talent des branches. Dès la pré-adolescence commence le grand mercato des cadets, avec des méthodes parfois peu scrupuleuses: faux recruteurs à la recherche des bords des champs, signature de clauses encore interdites par la loi française et avantages amicaux sur la majorité des joueurs.

Les dirigeants ont du mal à retenir leurs espoirs. Patrice Haddad, président du Red Star, un club national connu pour son système de pré-entraînement, aurait déclaré: «C’est très simple, notre section U15 est pillée chaque année! Sept, huit, parfois neuf joueurs nous quittent chaque saison. Ils sont vus de plus en plus tôt. Les recruteurs identifient leur potentiel et travaillent déjà en étroite collaboration avec les grands clubs. «Après le chef» passe par les «agents de stationnement», parfois sans diplôme ni qualification. Tout se fait derrière notre dos. Nous promettons aux familles en leur donnant d’énormes sommes d’argent. Et en attendant, pour les faire signer, tous les moyens sont bons, y compris des caddies remplis de nourriture pour les ménages qui traversent une période difficile à la fin du mois. «