Le défenseur central aguerri de la Servette FCCF est proche du titre national. Avant le choc de samedi contre Zurich (17h), la genevoise de 33 ans parle de l’avenir du football féminin, mais ne sait pas si elle mettra ses chaussures de côté à la fin de la saison.
Parallèlement à sa carrière, Caroline Abbé (33 ans) travaille également à l’ASF où elle développe le football féminin d’élite.
Caroline Abbé, samedi, vous avez la possibilité de reléguer Zurich à onze points avec seulement six matchs à disputer. Le titre national de Servette FCCF n’est qu’une question de jours, non?
Je ne sais pas si on peut déjà citer le titre. Contre Zurich, il est toujours très tendu. On reste sur une victoire, une défaite et un nul cette saison contre les femmes de Zurich. Nous n’avons pas à penser à ce qui se passera si nous gagnons… Nous avons vu quelques retours dans le football.
Quelle a été la clé de cette saison réussie? Nos poursuivants ont perdu leurs plumes tout au long du championnat. La cohésion de notre groupe est également excellente et cela a aidé cette saison.
Ce serait le premier titre francophone depuis 1999, hommes et femmes … Ce titre serait historique pour le football francophone! Dans l’équipe, on n’en parle pas encore trop. Nous ne réalisons toujours pas vraiment toute la portée de cette étroite entreprise. Mais cela reste un objectif depuis le début de la saison. Et on se rendra probablement compte fin mai que nous étions les pionniers du football francophone, quand on se regardera dans le rétroviseur.
« Il y a encore très peu de personnes ou de clubs en Suisse qui croient au football féminin »
Vous avez connu les deux derniers titres de champion de Suisse avec Zurich, qui n’a raté le titre que deux fois depuis 2009. Ce serait un joli clin d’œil au destin d’être couronné par la Servette, n’est-ce pas? avec un troisième titre consécutif, ce serait quelque chose de spécial pour moi. J’ai encore beaucoup de contacts au FCZ. Mais surtout ce serait très symbolique de gagner avec Servette pour le football féminin en Romandie.
Par rapport à vos débuts en LNA en 2006 avec Yverdon, qu’est-ce qui a changé dans le football féminin suisse?
La LNA et le football féminin suisse dans son ensemble ont beaucoup évolué. Il y a plus d’installations pour les jeunes. La formation suisse est meilleure. On voit qu’il y a des équipes féminines qui se rassemblent dans des clubs masculins, ce qui est très important en termes d’investissements humains et financiers.
Certains matchs du championnat LNA sont également diffusés à la télévision …
Oui, la SSR diffuse les matchs féminins, comme ce samedi soir contre Zurich. Pour avoir plus de matchs à l’antenne et peut-être un jour rivaliser avec la Super League masculine, nous devons encore élever notre niveau et nous développer. Pour que les matchs et la ligue soient encore plus intéressants pour les spectateurs. L’année dernière, la LNA s’est également proposée comme sponsor principal. Ce sont de grands pas en avant, mais il y a encore un long chemin à parcourir pour que les filles soient au moins semi-professionnelles.
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Investissement financier. Il y a encore très peu de personnes ou de clubs en Suisse qui croient au football féminin. Nous avons vu que les efforts consentis ont fonctionné en France, en Angleterre et en Allemagne. Nous devons encore changer de mentalité pour que cela se développe. Nous n’avons pas notre propre centre de formation. C’est un problème à Genève et d’autres équipes ou clubs ont cette lacune. Cela faciliterait notre développement, car ici nous avons un peu déambulé de droite à gauche.
«Nous avons perdu une étape dans le développement du football féminin en ratant la Coupe du monde 2019 en France. Il était donc impératif de se qualifier pour l’Euro 2022 «
Un premier titre Servette FCCF peut-il contribuer à éclairer le club et initier une spirale positive, comme cela s’est produit avec l’Olympique Lyonnais en France par exemple?
Clairement! Il faut des titres et des résultats pour générer de l’argent et des intérêts. Il n’y a pas de miracle. Nous l’avons vu en Ligue des champions. C’est jour et nuit avec un club professionnel comme l’Atlético Madrid. Mais cela signifie aussi l’équipe suisse, qui doit continuer à se qualifier pour les grands tournois. Il emmènera les filles jouer au football. Il doit y avoir une certaine routine dans le football féminin dans notre pays.
Cette troisième qualification pour la Suisse pour un tournoi important, quatre ans après l’Euro 2017, a-t-elle été un soulagement pour vous? J’ai suivi avec passion cette campagne et cette finale contre la République tchèque. Nous avons perdu une étape dans le développement du football féminin en ratant la Coupe du monde 2019 en France. Il était donc impératif de se qualifier pour l’Euro 2022. Ce tournoi se déroulera en Angleterre, un pays où le football féminin entre doucement dans une nouvelle dimension. La Suisse ne pouvait pas manquer ce tournoi.
Vous avez pris votre retraite à l’international à l’été 2017 et travaillez à l’ASF où vous collaborez au développement du football féminin en Suisse. Quelle est votre activité principale?
La priorité est de positionner le LNA à un bon niveau afin qu’il puisse suivre des niveaux inférieurs. Nous voulons que la prochaine génération puisse nourrir la première division suisse. Le national A, mais aussi les U19 et les U17, doivent donc se qualifier pour la finale. C’est primordial. Ce sont des matchs diffusés à la télévision qui peuvent déboucher sur des vocations. Votre contrat avec Garnet expire cette saison. Verrons-nous Caroline Abbé sur un terrain de football en 2021-2022?
Pour le moment, il reste 50-50. Le titre de champion suisse serait déjà nécessaire pour réfléchir à ces éventualités. Arrêtez-vous sur un titre lorsque vous quittez la porte d’entrée? Ou continuer avec l’idée de jouer en Ligue des champions? Je déciderai à la fin de la saison.
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