La Ligue 1 à 18 clubs : un opportunisme mal placé

La Ligue 1 à 18 clubs : un opportunisme mal placé

Juste avant la fin de saison passionnante, le sujet d’un passage de Ligue 1 est revenu de vingt à dix-huit clubs à la table des leaders du football français. Une envie soudaine motivée par la crise des droits TV qui a fait de Canal + le maître du jeu, plus qu’une volonté de renforcer la compétitivité de l’élite.

La dernière poussée excitante et indécise de cette saison de Ligue 1 2020-2021 n’est pas encore terminée. Un vieux serpent de mer est réapparu la semaine dernière, rendant incertain l’avenir proche de notre championnat: le passage de l’élite à dix à huit clubs. Moins de deux mois après son élection à la présidence de la LFP en septembre dernier, Vincent Labrune n’avait pas caché son attirance pour le resserrement de la L1 dans un entretien avec le JDD … avant de faire tourner un léger moteur inverse dans la foulée. Mais aujourd’hui l’ancien leader de l’OM ne se cache plus. « Même si on dit que c’est pour le football, on va tous mentir », a-t-il admis au Parisien. La réalité est qu’au fur et à mesure que le gâteau de la loi télévisuelle fond, il est impératif de réduire le nombre de bénéficiaires. C’est humain, n’est-ce pas? «  »

Plus qu’une idée en l’air, le retour d’une première division française de dix-huit clubs pourrait bientôt devenir une réalité. Dans à peine un mois, le 3 juin, la question sera mise sur la table lors de l’assemblée générale de la ligue, avec en considération de répondre au plus vite à cette mini-révolution à partir de la saison 2022-2023. En attendant, les différents joueurs ont le temps de se déchirer sur la question, mais aussi de se poser une question essentielle: le passage de vingt à dix-huit clubs peut-il vraiment sauver le football français?

«De l’extérieur, je peux imaginer que cela ressemble à une bataille de requins, mais la réalité est que de nombreux présidents pensent que s’ils veulent survivre, ils doivent laisser leurs voisins mourir, ils le feront. »Administrateur du Parisien

Au royaume des diffuseurs

Au royaume des diffuseurs

Le souci de la compétitivité de notre élite et le succès de nos clubs au niveau européen ne sont qu’une bonne excuse pour cacher les aspirations de toute guerre: beaucoup d’argent. La crise des droits télévisuels n’est pas encore terminée. Canal + a prévenu qu’il n’avait pas l’intention de diffuser l’intégralité de la Ligue 1 la saison prochaine et tout le monde veut une plus grande part du gâteau. «En fait, nous devons prendre des engagements envers Maxime Saada, le patron de Canal qui a demandé cette réduction, a déclaré honnêtement mais anonymement un président de club parisien. Aller dans dix-huit clubs aurait montré 38 matchs de championnat de moins. La loi de la jungle, ou plutôt celle d’un diffuseur en position de force.

Les présidents sont impuissants. Même ceux des clubs moins huppés ne sont pas fermés à l’idée d’accepter cette réforme, qui pourrait soi-disant les aider à survivre. Un membre du CA a également assuré au quotidien parisien que «les problèmes financiers de Bordeaux, Saint-Étienne et autres peuvent conduire à des dépôts de bilan. Et là, il suffirait de ne pas les remplacer par d’autres. De l’extérieur, je peux imaginer que cela ressemble à une bataille de requins, mais la réalité est que de nombreux présidents pensent que si vous devez survivre, vous devez laisser votre voisin mourir pour survivre. Pour être honnête, 18 clubs au lieu de 20, ce serait vraiment un moindre mal. «Tout sauf une surprise: les récentes crises du football français (fin des championnats, fiasco médiatique pro, etc.) ont confirmé aux derniers rêveurs que le monde du ballon n’était pas celui des Care Bears. Même Laurent Nicollin, président exemplaire l’an dernier, s’étonne de L’Équipe: «Quand il s’agit de gagner deux, trois, quatre ou cinq millions de plus par club, c’est merveilleux. Quand il s’agit de gagner 500 000 $ … «Les grands patrons ont besoin de garanties pour mettre quelques millions de plus dans leurs coffres, et un passage dans dix-huit irait évidemment dans ce sens.

Le paillasson de l’UEFA et de la FIFA

Le paillasson de l'UEFA et de la FIFA

Les meilleurs entraîneurs n’ont pas suivi les présidents la semaine dernière. Ceux qui ont été interrogés sur la possibilité d’une transition vers dix-huit (presque) tous ont tous grogné. Niko Kovač a répété qu’il « aimait la Ligue 1 avec 20 clubs », Claude Puel a regretté « un passage en force » et Rudi Garcia a annoncé « en solidarité avec tous les entraîneurs » sur ce sujet. Ces derniers devront être convaincus par les dirigeants de la ligue lors d’une réunion cette semaine, alors qu’ils ne disposent que de deux voix sur 101 à l’assemblée générale de la LFP qui se prononcera sur la question le mois prochain. À ce stade, il sera important de se rappeler que les cinq dernières années (1997-2002) de l’élite à l’âge de dix-huit ans n’auront pas été un succès clair, même si la première division avait produit un champion différent dans les cinq éditions. Une époque lointaine où l’écart entre les concurrents n’était pas si grand.

Puis, au lendemain du grand outrage des douze salauds contre la super ligue, cette soudaine envie de renforcer l’élite française ressemble à une grande hypocrisie. L’idée de professionnaliser la troisième saison est séduisante, mais elle n’empêche pas l’écart entre clubs et divisions de se creuser d’année en année. En effet, cette réduction du calendrier national, déjà coupée de la Coupe de la Ligue, toucherait principalement les affaires de l’UEFA et de la FIFA, ainsi que leurs nouvelles compétitions folles aux agendas surchargés. Encore une fois, le bien-être du joueur n’a pas d’importance. Il faut faire place à la nouvelle Ligue des champions, qui devrait malheureusement voir le jour en 2024, et à ses cent matchs supplémentaires, et pourquoi pas à la prochaine invention clownesque de Gianni Infantino (un championnat du monde des clubs cet été, dernière news). Pour l’amour de la Ligue 1, vraiment? Rions